Vous
allez écouter la 300ème publication de ce blog. Pour franchir
dignement ce cap il nous fallait une chanson marquante, une de celles
qu'on n'oublie pas. Le texte que nous vous proposons n'a pourtant
rien d'exceptionnel. Cette histoire est certainement l'une des plus
présentes dans la tradition orale quelle que soit la région. Son
déroulement est sans surprises et aboutit généralement à une
morale du genre « mieux vaut tenir que courir ».
Cette
chanson a pu se transmettre avec quantité de refrains différents.
Celui ci est rare ; c'est ce qui fait tout son charme, et,
croyez nous, vous n'êtes pas prêts de l'oublier !
Pour
écouter la chanson et lire la suite :
Il en est de la chanson
comme des recettes de cuisine : pour faire une bonne chanson
traditionnelle il faut des couplets et un refrain. La recette est
immuable, se transmettant de génération en génération. Mais les
ingrédients varient d'un interprète à l'autre, ce qui explique que
pour un même thème on puisse obtenir des résultats si différents.
Vous pouvez, par exemple, retrouver une autre version avec la chanson
n° 119 publiée en septembre 2015.
Dans cette chanson, les
couplets appartiennent à toute cette série d'histoires où le
galant se laisse intimider par les pleurs de la belle qui, pour
s'échapper, prétexte généralement d'avoir à soigner une mère
malade. Ce thème a été chanté sur tous les tons et avec des
refrains variés. Celui qu'utilisait Marie Barthélémy, chanteuse de
Sion les mines en pays de Châteaubriant, est peu courant. Il nous
prouve encore une fois que le refrain est indépendant de la chanson
elle même. Il n'est là que pour lui permettre de se dérouler
mélodiquement.
Attention, on vous aura
prévenus : une fois ce refrain entré dans vos méninges, vous
ne pourrez plus vous en débarrasser. Il fait partie de ces rengaines
qui vous sautent dessus dès le matin au réveil et que vous vous
surprenez à fredonner sans y penser. Mais qu'est ce donc que cette
affaire de « pompon » ?
D'après nos recherches,
cette expression a probablement son origine dans le vocabulaire
militaire. Gagner le pompon c'est emporter les honneurs, la gloire.
Peut être une forme de décoration ou de signe distinctif qui fait
de celui qui le porte un personnage au dessus du commun des mortels.
Peut être tout simplement un de ces attributs cocardiers dont les
conscrits aimaient à se parer. Il nous semble en effet que cette
version de la chanson ait pu faire partie du répertoire des
conscrits dont on trouve d'autres exemples dans les collectes
réalisées chez Marie Barthélémy (1).
Cependant, cette chanson
nous laisse un peu sur notre faim. On sent qu'il manque un épisode
entre l'avant dernier et le dernier couplet. Habituellement, la belle
se moque du galant avec des propos du genre :
Quand tu tenais la
caille
Il
fallait la plumer
Puisque
nous en sommes aux noms d'oiseaux donnons une petite précision
ornithologique : la « bégasse » est une variété
de gallinacée qui vit exclusivement dans les régions où le G et le
C se confondent souvent. Le genre d'endroit où l'on croise des
gamions sur les routes !
Que
cette dernière précision vous rappelle que, si ce blog ambitionne
de vous faire découvrir la « vastitude » du répertoire
traditionnel, il n'a pas la prétention d'être une référence
scientifique. Nous délaissons fréquemment le premier degré parce que
notre souhait est d'abord de vous donner envie de chanter.
Et
on continuera dès la semaine prochaine.
Notes
1 –
voyez, et écoutez, une toute petite partie de ce réperoire sur le
double CD « Pays de Chateaubriant – chanteurs, sonneurs et
conteurs traditionnels » publié par Dastum en 2017. Le reste
du répertoire est accessible sur la base Dastumedia
interprète :
Dominique Juteau
source :
Marie-Josèphe Barthélémy, enregistrée à Sion-les-Mines par
Patrick Bardoul en mai 1988
catalogue P. Coirault :
Le galant intimidé par les pleurs de la belle (Occasions manquées -
N° 01905)
catalogue C. Laforte :
L’occasion manqué (1-K-10)
A nous, le pompon
C'était un jeune chasseur
qui chassait la bégasse
Qui chassait la bégasse
et le pigeon ramier
A nous l'pompon
A nous l'pompon, charmante
demoiselle
A nous l'pompon
Qui chassait la bégasse
et le pigeon ramier
Et aussi la jeune fille
quand il peut l'attrapper
A nous l'pompom…
Et aussi la jeune fille…
Il en a trouver une à la
barrière d'un pré
La fille était jeunette,
elle se mit à pleurer
Et moi garçon honnête je
me suis retiré
Quand elle fut sur ces
landes, elle se mit à chanter
Je vis un grand nigaud qui
n'a su m'embrasser
Tais toi petite sotte, je
t'y rattraperai
Soit en gardant tes vaches
ou en fanant tes prés
Je n'y garde pas les
vaches, je n'y fane pas les prés.
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