samedi 9 juillet 2022

423 - Marguerite au bois

 Prenez en un, prenez en deux, mais n'allez pas le dire...cette expression revient comme un leitmotiv dans bien des chansons traditionnelles. Elle ponctue un si grand nombre d'aventures et d'amourettes qu'il serait vain de vouloir en dresser la liste. Tenez, pas plus tard que la semaine dernière, elle servait de monnaie d'échange entre la belle et le cordonnier dont les relations dépassaient largement le simple cadre commercial. Elle s'adapte à des situations qui n'ont à priori que peu de points communs, si ce n'est d'être le point de départ d'une histoire dont on imagine qu'elle finira bien

Pour écouter la chanson et lire la suite :

L'archétype de cette situation d'amours débutantes c'est «  la belle fille de Parthenay », une chanson dont nous avons déjà donné des exemples. Reportez vous ainsi aux chansons n° 66 (les filles du Loroux – aout 2014) et n° 152 (l'autre jour en m'y promenant – mai 2016). L'argument principal est le même, les situations diffèrent. Tout au plus, d'une chanson à l'autre les attitudes de chacun des parents peuvent varier ou s'inverser. Au cas présent c'est le courroux de sa mère que semble craindre la demoiselle. On sait qu'elle en a fait autant dans sa jeunesse ; mais ce qui souvent l'incite à l'indulgence provoque ici une sévérité inattendue. Habituellement la menace d'une correction est plutôt le fait du père.

Ces chansons sont aussi bien abordées du point de vue du garçon ou de la fille quand la narration se fait à la première personne. Le plus fréquent c'est le galant qui raconte sa rencontre avec la fille et se vante du dénouement heureux, voire inespéré. Mais il arrive tout aussi souvent que le narrateur soit extérieur au couple et, comme ici, transforme la chanson en fabliau, avec sa morale si particulière.

Une autre expression qui revient régulièrement est celle qui consiste à vouloir « passer le bois ». Si le sens plus ou moins caché ne fait guère de doute, la jeune fille s'interroge sur les risques que cela représente. Ce passage du bois se déroule parfois sans aucune conséquence. Il provoque des regrets aussi bien pour la demoiselle déçue que pour l'amoureux timide qui réalise qu'il a manqué une occasion et s'entend rappeler qu'il faut « plumer la perdrix quand elle est prise ». Pas de danger dans la situation présente : les deux tourtereaux sont bien consentants. Prenez en un, prenez en deux...et vive la jeunesse qui ne vit que d'amour.

Il reste donc à gérer les réactions parentales. Mais pour cette fois les violons de l'orchestre peuvent jouer fortissimo pendant que le mot fin apparaît sur l'écran.

On a bien besoin de chansons optimistes pour nous accompagner en ce moment.


Interprètes : Isabelle Montoir et Jade Daslstein-Jidkoff

source : 80 chansons du Pays de Retz – recueil du violoneux Poiraud à Pornic (44) compilé par Michel Gautier - 112

catalogue P. Coirault  :la fille de Parthenay (1830 – amourettes)

catalogue C. Laforte  :1-K-01 – la fille de Parthenay


Marguerite est au fond du bois ) bis

qui pleure et qui soupire )

Qui pleure et qui soupire )

Son bon ami passant par là

Qu'avez vous Marguerite

La déridéri laderi landera ) bis

La déridéri ladéraine )


Son bon ami passant par là

Qu'avez vous Marguerite

Qu'avez vous Marguerite

Je voudrais bien passer les bois

mais je suis trop petite

La déridéri.....


Vous et moi nous le passerons

Marguerite ma mie


Quand il fut au milieu du bois

Un doux baiser lui prit


Prenez en un prenez en deux

Mais n'allez pas le dire


Car si mon père il le savait

Il ne ferait qu'en rire


Mais pour ma mère c'est différent

Elle battrait Marguerite


Quoiqu'elle en ait fait bien autant

Lorsqu'elle était petite

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