dimanche 19 août 2018

260 - Je suis un garçon de famille


Pas banale cette histoire d'un galant qui vient demander la main de la fille et qui se fait draguer par la mère. Celle ci n'hésite pas à dénigrer sa progéniture pour mieux vanter ses propres charmes. La stupeur du prétendant nous renvoie tout droit à une autre chanson mieux connue : « le mariage de la vieille », qui court les bals pour trouver un amant. Le portrait est le même avec cette bouche où il ne reste plus qu'une dent ! Mais la conclusion est toute différente ; c'est l'amour de la jeune et non pas l'argent de la vieille qui intéresse le jeune homme. Ouf ! La morale est sauve.
Pour écouter la chanson et lire la suite


Première difficulté avec cette chanson : c'est un sujet rare, peu souvent collecté par ici. A vrai dire, si Patrice Coirault n'en a repéré que trois exemples sur le territoire français, Conrad Laforte en recense plus d'une dizaine outre-Atlantique. Deuxième difficulté, l'ouvrage de Fernand Guériff sur le folklore du mariage ne propose pas de musique pour ce texte. Nous avons donc choisi de l'interpréter sur l'air d'une autre chanson qui présente la même coupe pour le même nombre de vers (1).
Avouez que ç'aurait été dommage de laisser cette chanson dans l'oubli. Son sujet amusant est une base de vaudeville ou de théâtre de boulevard. On dérive vers le ménage à trois et les situations courtelinesques. Jeunes et vieilles se trouvent encore assez souvent en concurrence dans les chansons traditionnelles, comme dans l'histoire de l'anguille dans la gerbe de blé où la mère se plaint d'être défavorisée. Dans le mariage de la vieille, déjà citée, elle possède des arguments sonnants et trébuchants qui se montent à des centaines de milliers de francs. Sans vouloir verser dans le cynisme, c'est peut être ce qui manque ici. Se contenter de faire appel à son expérience en dénigrant la maladresse de sa fille est un peu juste pour faire hésiter un amoureux.
Nous avons utilisé cette chanson, comme illustration des préparatifs du mariage, à l'occasion d'un atelier « les chants du tiroir » proposé récemment au musée la maison de la mariée à Saint Joachim. Ces ateliers consistent à faire découvrir la richesse et la variété du répertoire collecté sur un thème précis. Pour compléter cette partie relative aux démarches qui précèdent le mariage, reportez vous aussi à la chanson n° 238 « j'sommes venus vous inviter » (2).
Fédrun est l'une des îles qui composent la commune de Saint Joachim, dans la Grande Brière. La maison de la mariée est un musée dont vous ne manquerez pas de faire la visite. En attendant vous pouvez toujours vous renseigner sur le site : https://www.maisondelamariee.com/

notes
1 – Je suis garçon de bonne mine (le rendez-vous de nuit) que vous pouvez écouter sur notre double CD Anthologie du patrimoine oral de Loire-Atlantique (cf page éditions)
2 – en mars 2018
interprète : Jean-Louis Auneau
source : Fernand Guériff, tome 2, le folklore du mariage, page 52 – répertoire de Joseph Beilvaire, sabotier à Donges vers 1880
catalogue P. Coirault : 4707 – la mère qui se propose à la place de sa fille
catalogue C. Laforte : I, O-41 – la vieille amoureuse

Je suis un garçon de famille
Je voudrais bien m'y marier
Je viens vous demander votre fille
Si vous voulez me la donner

Je l'aime d'un amour si tendre
Je la trouve jolie comme un cœur
Acceptez moi pour votre gendre
Je viens ici faire son bonheur

Oh, monsieur ma fille est maline
Je ne veux pas vous attraper
A chaque instant elle m'y chagrine
Je ne peux pas la corriger

Elle m'y casse mes plats, mes assiettes
Le morceau n'est guère envieux
C'est moi qui suis la plus adroète
Prenez moi, vous ferez bien mieux

Comment dieu ! Bonne femme à votre âge
Vous v'la amoureuse à présent
Oser parler de mariage
Et vous n'avez plus qu'une dent

Et votre tête qui brandille
Allez, vous n'êtes point à mon goût
Mes amours sont pour votre fille
Ma bonne femme, ils ne sont point pour vous

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