vendredi 9 février 2018

235 - J’ai cueilli la rose, rose


Mignonne allons voir si la rose...c'est presque du Ronsard que nous vous proposons cette semaine. Sur le thème universel de la vie qui, comme la rose, se fane promptement, voici les observations d'une belle, pressée de profiter de ses plaisirs.
Mariez vous car il est temps : telle est la morale de cette chanson quelle que soient ses variantes, fort nombreuses. Avec ses refrains en « allons gai gaiement » ou « belle allons légèrement », on est évidemment dans le domaine de la chanson à danser. Fernand Guériff, qui l'a notée en presqu'ile Guérandaise, fait remarquer que le timbre : « est très connu dans le pays. Il s'adapte à diverses chansons de caractères très différents, comme Le petit guernouillon ».
pour écouter la chanson et lire la suite :


Encore une fois c'est ce bavard de rossignol qui se mêle du sort des amoureux. A force de colporter des messages, il a acquis une telle expérience sur les choses de l'amour qu'on ne peut que lui faire confiance. Même si cette fois il ne s'exprime pas « dans son latin » ce qui est de toutes façons un gage d'érudition sinon de sagesse.
La belle s'en va porter son bouquet au marché de Rouen, ce qui suffit à nous faire comprendre que la chanson ne trouve pas son origine dans notre région. Fernand Guériff en a pourtant récolté, dans le même secteur, d'autres versions dont une où elle s'en va :
à Nantes sur un cheval noir et blanc
et Bujeaud, dans l'Angoumois en avait trouvé une avec des parents qui habitent à Confolens. Ces deux versions nous proposent une suite avec des parents très contrariants qui la font
coucher à six heures, l'heure du divertissement et
lever à trois heures, l'heure où je dormirais tant
hélas serais-je pas mieux dans les bras de mon amant !
Entre pays de Retz et pays de Vilaine on en trouve qui dérivent vers une autre chanson où après lui avoir demandé « combien gagnez vous par an ? » on propose à la fille d'en gagner autant sinon plus mais dans une situation qu'elle refuse d'un « épousez moi d'abord ».
En l'absence des parents, notre texte se limite aux conseils du rossignol qui a probablement entendu l'ode à Cassandre déjà mis en musique par Jehan Chardavoine (1). Ou bien est-ce Ronsard qui a entendu le rossignol chanter puisqu'on dit qu'il se serait inspiré de textes d'auteurs latins ?
Quoi qu'il en soit, chanson et poème utilisent le même procédé. La rose cueillie le matin permet de comparer le déroulement de la journée à celui de la vie, de l'aurore au coucher ou du berceau à la tombe. Alors ne résistons pas au plaisir de citer ses quelques vers en écho à la chanson :
Cueillez, cueillez votre jeunesse
Comme à cette fleur la vieillesse
Fera ternir votre beauté
Auteurs latins, poète de la renaissance ou tradition populaire, cette réflexion sur la jeunesse et le temps qui passe a toujours été chantée et n'est pas près de se faner.

note
1 - l'ode à Cassandre date de 1545 et la musique de Chardavoine de 1576, publiée dans son « Recueil des plus belles et excellentes chansons en forme de voix de ville tirées de divers auteurs et poètes françois tant anciens que modernes ausquelles a été nouvellement adaptée la musique de leur chant commun »

Interprètes : Janick Peniguel, avec Christine Dufourmantelle, Janig Juteau, Liliane Berthe, Jean-Louis Auneau (réponses) et Dominique Garino (guitare)
source : Thérèse Quessaud, de Trescalan (La Turballe – 44) recueilli et publié par Fernand Gueriff (T.3 p.88, 89)
catalogue P. Coirault : Belle rose, ou marie toi belle il est temps (pressées 2 – n° 01101)
catalogue C. Laforte : la belle rose – I, G-08

1-)
J'ai cueilli la rose rose, ( bis
Dans un beau tablier blanc, Gai, gai,
Dans un beau tablier blanc, Gaiement.

2-)
Je l'ai cueillie feuille à feuille, ( bis
Avant le soleil levant, ....

3-)
Je m'en fus la porter vendre, ( bis
Au grand marché de Rouen, .....

4-)
Il me fallait pour m'y rendre, ( bis
Passer par devant l'étang, .....

5-)
Là, je n'y trouvais personne, ( bis
Que le rossignol chantant, ....

6-)
Il me dit dans son langage, ( bis
La vie est douce à quinze ans, ....

7-)
Mais comme la rose rose, ( bis
Ell' se fane promptement, ......


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